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même, moyennant des bons de monnaie dont elle établit le cours forcé.

La guerre entrait dans une phase hallucinante, dont l’histoire n’offre aucun parallèle.

Les Alliés approchant d’Asuncion, Lopez évacue tout le monde vers Luque. Le gros de son armée se trouve à Hamaita. Il en retire la plus grande partie par les marais du Chaco, traînant avec lui les gros canons qu’il remplace, au haut des murailles, par des canons de bois. L’armée se retire à San-Fernando. Puis Lopez ramasse tout ce qu’il reste de Paraguayens et les amène dans les collines, en arrière de son armée. Et l’on a le spectacle fantastique d’une nation tout entière en marche vers un nouveau destin. C’est ce que Lopez appela le « Calvaire de la nation ».

Une ville s’élevait dans les marais de San-Fernando. Les femmes avaient été réunies en une armée que commandait Ella Lynch. Bientôt, la victoire était encore possible. Mais Humaita devait tenir encore quelque temps. Cette fois encore, Lopez comptait sans la trahison. Martinez, commandant du fort, se vendit, comme tant d’autres lieutenants du dictateur.

La nation redevint nomade en pleine saison des pluies. Des tranchées se creusèrent à Villeta et Angostura. Ce dernier endroit devint un nouvel Humaita, à 50 milles des marais. Malgré toutes les difficultés, les Paraguayens firent la moisson, cette année-là encore. Le général Diaz, à la tête de 500 hommes, tenta une incursion dans les lignes ennemies : partis fantassins, les Paraguayens revinrent cavaliers. L’exploit se renouvela et, bientôt, Lopez eut une nouvelle cavalerie.