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reur où les plus faibles faillirent périr. L’un d’eux perdit la raison.

Enfin, on parvint à la mer libre. De Long, Chipp et Melville commandaient, chacun, un canot. L’embarcation de Chipp, la plus petite, était à peine à la mer qu’elle chavirait ; et tout son monde se noya. Melville réussit à aborder dans un village sibérien où il se ravitailla et parvint à se mettre en communication avec le monde civilisé qui n’avait plus entendu parler de la Jeannette depuis deux ans et qui, en vain, avait envoyé des missions à sa recherche.

De Long avait touché la côte beaucoup plus au nord, en un point désolé. Se mettant en quête d’habitations d’un côté, il envoya un homme, de l’autre, vers Melville, pensait-il. L’émissaire, en effet, rejoignit l’ingénieur en chef, qui, ayant forcé les naturels à lui livrer leurs réserves de poisson, se lança à la découverte de son capitaine. Au bout de plusieurs jours, il retrouva sa trace, marquée par les cadavres de ses compagnons. Tous avaient péri et l’on suit en toute son horreur la marche de leur calvaire dans le journal que De Long avait tenu jusqu’à la fin et que, au moment de succomber, il avait eu l’énergie de lancer sur une petite éminence pour l’empêcher d’être enseveli sous la neige. Il n’existe pas de document authentique d’une lecture aussi navrante.

Melville et ses compagnons, grâce au gouvernement russe, finirent par rentrer aux États-Unis.

30 juillet 1938.