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pût faire le voyage, affirmait-il. Bennett ne tarda pas à déchanter. Il fallut effectuer de telles réparations à la Jeannette pour la renforcer que le coût en doubla. Quand l’ingénieur en chef désigné par le ministère de la Marine, George-Wallace Melville, vit le bateau, il n’en fut pas enchanté, loin de là. Et il commença par commander de nouvelles machines. C’était de mauvais augure. D’autant plus que le ministère de la Marine voyait l’expédition d’un mauvais œil et ne prêtait son concours qu’à contre-cœur.

En ce temps-là, on pensait que le Groënland s’étendait jusqu’au pôle et que l’île Wrangel, dont plusieurs explorateurs niaient l’existence, touchait à la Sibérie. Personne n’avait une idée même approximative de l’état des mers au delà du détroit de Behring : on pensait même que le courant de la mer du Japon s’y faisait sentir, de sorte que la mer aurait été libre jusqu’au pôle. C’est dans cet inconnu que se lançait De Long, pour tomber tout de suite dans les ennuis. Son navire pouvait résister à de fortes pressions, mais non pas s’élever au-dessus des glaces. Nansen a été le premier à construire un vaisseau, le Fram, aux côtés arrondis, qui pût subir avec succès un hiver dans les mers arctiques.

La Jeannette quittait San Francisco, le 8 juillet 1879. Son état-major se composait du capitaine De Long, commandant ; du lieutenant Chipp, commandant en second ; de Melville, ingénieur en chef. Jérôme Collins, journaliste, devait raconter le voyage à l’intention du New York Herald. Le professeur Newcomb était chargé des études scientifiques.

D’abord escorté par un navire de la Marine de guerre, la Jeannette, ayant charbonné à la baie