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commandant espagnol Menendez courut se mettre à l’abri au rio de San Augustin en attendant des renforts. Au lieu de garder la défensive, comme le conseillaient ses officiers et Laudonnière, Ribault se porta vers les Espagnols, dégarnissant même le fort d’une partie de ses troupes. Un ouragan dispersa ses navires et Menendez en profita pour aller investir la Caroline, où il n’y avait plus que seize soldats. Le fort fut pris et les prisonniers, pendus. Puis, entendant les Indiens raconter que des navires français avaient fait naufrage, Menendez alla cueillir un équipage. Les marins se rendirent sans combattre. Mais, au mépris de toutes les lois de la guerre, au lieu de leur accorder la vie sauve, on les massacra, n’exceptant que huit marins catholiques. Le lendemain, les Espagnols rencontraient un autre équipage naufragé, celui de Jean Ribault. Celui-ci capitula immédiatement. « Êtes-vous luthériens ? » lui cria-t-on. « Tous », répondirent les naufragés qui entonnèrent un psaume. Malgré la reddition sans résistance, les poignards espagnols se levèrent et ce fut une nouvelle boucherie. Le cadavre de Ribault fut déchiqueté et sa tête, envoyée comme trophée à Séville. La Floride française n’existait plus.

Quand les débris de l’expédition rentrèrent en France, ce fut un cri d’horreur. Mais Catherine de Medicis, régente, au lieu de venger l’honneur national, eut peur des Espagnols et réprimanda les rescapés. Il se trouva un justicier pour venger l’outrage, Dominique de Gourgues, vieux soldat couvert de gloire qui agit de son propre chef et qui, catholique convaincu, se préoccupait peu de savoir si les massacrés étaient protestants : ils étaient