Page:Daviault - Histoires, légendes, destins, 1945.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et des savants. Rabelais s’y rendit pour entendre raconter les belles expéditions du Malouin, et aussi le moine André Thévet, cosmographe dont nous nous entretenions la semaine dernière. Cartier parlait non seulement du Canada, mais aussi du Brésil, où il avait voyagé dans sa jeunesse, au service des Portugais.

Le Brésil ! Voilà une belle terre, chaude, accueillante et proche de celles où les Espagnols trouvent tant de richesses. Voilà qui doit tenter les Français convaincus de la nécessité de s’établir dans des terres neuves.

Bientôt partait, en grand mystère, la roberge de Saint-Malo. C’était l’une des huit belles embarcations que le roi avait fait construire sur le modèle des row-barges anglaises et dont chacune était attachée à un port différent.

Le moine Thévet faisait partie de l’expédition, qui se dirigeait vers le Brésil. Elle était commandée par le vice-amiral Durand de Villegagnon, qu’un écrivain devait appeler, beaucoup plus tard, le roi d’Amérique. Ce n’était pas, comme certains historiens l’ont affirmé, la fuite de proscrits huguenots. Avant de s’embarquer, Villegagnon communia de la main du père Thévet. C’était un voyage que le roi Henri II protégeait et pour lequel il avait accordé 10,000 livres. Villegagnon amenait 600 hommes, gens de métiers et laboureurs, pour aller fonder la France Antarctique.

Après diverses péripéties, il parvient dans la baie de Rio-de-Janeiro et il aborde dans une île qui porte encore aujourd’hui le nom de Villegagnon. Les indigènes le reçoivent fort bien. Leur chef, Quoniambec, est un affût vivant : un canon de campagne