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Notre homme apprit que, depuis six mois, 25 cavaliers et un officier l’attendaient pour le mener au vice-roi, qui comptait bien sur son retour. Don Pedro de Vilesca lui-même avait ordre d’arrêter son gendre. Par parenthèse, croit-on que le duc de Linarès aurait fait un tel déploiement contre un simple commerçant ?

Pour ne pas attirer d’ennui à son beau-père, Juchereau resta caché un an dans la chambre de sa femme et son valet, en un petit salon au-dessus, les deux hommes ne prenant le frais que la nuit. Au bout de ce temps, on apprit que la mèche était éventée et que Juchereau serait incessamment arrêté. Son beau-père, pour l’avoir caché, craignait les pires conséquences de son acte et, pour commencer, la perte de son poste de gouverneur. Le Canadien, pour éviter tout désagrément à don Pedro, résolut de s’en aller. La nuit venue, avec son valet, il se jeta de nouveau dans les bois afin de rentrer en Louisiane. Le voyage se fit comme la première fois, sauf qu’il fut agrémenté de surprises, de mauvaises rencontres et de combats contre des cavaliers espagnols, sans doute lancés à la recherche des fugitifs. Il faut lire le récit circonstancié de Pénicaut. Il y a là tous les éléments du plus passionnant roman d’aventures aux cent péripéties.

Juchereau ne retourna plus au Mexique. Il ne revit sa femme que quatre ou cinq ans plus tard, quand il fut devenu gouverneur au fort des Natchitoches. Ce qui ne veut pas dire qu’il eut ensuite une vie paisible. Mais la suite de ses aventures ne nous regarde pas pour aujourd’hui.

17 juillet 1937.