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Que raconta-t-il à Lamothe-Cadillac ? Toujours est-il qu’il n’était plus question de commerce. Le gouverneur de la Louisiane fit élever un fort chez les Natchitoches pour tenir les Espagnols en échec. En même temps, on attirait d’autres tribus dans le voisinage et on leur enseignait la culture. Une colonie nouvelle naissait. Le fort était à peine construit qu’une troupe espagnole s’y montrait, n’en connaissant pas l’existence et ayant reçu l’ordre de s’avancer en territoire français. Preuve nouvelle que les relations n’étaient pas trop bonnes entre les voisins. De fait, la guerre devait éclater en 1719. Mais n’anticipons pas.

Les aventures de Juchereau chez les Mexicains n’étaient pas finies. M. Roy raconte qu’en 1716, notre homme formait une société pour aller faire le commerce chez les Espagnols de la Rivière du Nord, c’est-à-dire au Présidio del Porto. Là, ses marchandises auraient été saisies et il aurait fait le voyage de Mexico pour se les faire remettre. Mais Pénicaut, témoin oculaire, place à cette époque une tout autre histoire. Sans chercher à démêler qui a raison des deux, racontons l’histoire de Pénicaut, parce qu’elle est d’un romanesque fou.

Quand le temps en fut venu, M. de Saint-Denis reconduisit son oncle Juan de Vilesca jusqu’aux Natchitoches. L’Espagnol poursuivit sa route avec son escorte et le Canadien resta au fort, rongé de nostalgie à la pensée de la femme dont il était séparé. Mais, que faire ? Il ne pouvait obtenir de passeport, parce que, écrit Pénicaut, « le prétexte du commerce n’aurait plus été reçu pour une excuse » et qu’il aurait été infailliblement arrêté.

Par bonheur, son fidèle valet, Jalot, avait toute