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théâtre inexpliqués de cette aventure, le vice-roi libère Juchereau, le confiant simplement à la surveillance d’un de ses officiers qui s’ingénie à le distraire. De son côté, le duc de Linarès comble Juchereau de cadeaux, entre autres de 300 livres en argent et d’un magnifique cheval. Il invite parfois le Canadien à dîner et Juchereau s’émerveille de la richesse prodigieuse du vice-roi, qui possède une merveilleuse vaisselle d’argent et 2,000 chevaux de toute beauté. Enfin, Linarès laisse partir Juchereau, le priant de conduire des missionnaires dans des régions éloignées, ce dont notre homme s’acquitte à merveille, après quoi il se rend au Presidio del Porto où l’attend la belle dona Maria de Vilesca.

Il arrive à peine que se produit un incident étrange. (Tout est étrange où passe ce curieux homme.) Quatre villages indigènes dépendant du Presidio, en ayant assez des brutalités espagnoles, avaient décidé d’émigrer. Avec armes et bagages, ils étaient partis pour aller s’établir à 200 lieues. Fort ennuyé, don Pedro de Vilesca prie Juchereau de les lui ramener, sachant la popularité du Canadien parmi les sauvages. Suivi de son seul valet, Juchereau se lance à la recherche des fuyards qu’il réussit à ramener en leur promettant, au nom des Espagnols, un traitement plus humain et en les effrayant par le récit de guerres incessantes auxquelles se livrent les tribus où ils se rendent. Don Pedro lui en est si reconnaissant qu’il consent au mariage immédiat lequel se célèbre en grade pompe.

Juchereau de Saint-Denis passe trois mois avec sa femme, après quoi il rentre en Louisiane sans madame Juchereau, malade, mais avec un oncle de celle-ci, don Juan de Vilesca.