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magnifiquement le héros de la Reconquista, pour se réfugier à Cordoba.

La révolution gronde à Buenos-Aires. Cisneros, successeur de Liniers, est débordé. Faisant taire son amour-propre, il envoie un courrier au comte de Buenos-Aires, porter un appel éperdu.

La cause est désespérée, l’Espagne a agi brutalement avec le Français qui avait pourtant sauvé sa colonie. Malgré tout, Liniers ne songe pas à résister, il ira vers son destin.

Cordoba n’adhère pas à la cause révolutionnaire. Liniers y recrute un semblant d’armée, puis se met en marche. Son plan consiste à réunir en route toutes les forces des provinces, depuis Montevideo et le Paraguay, jusqu’au Haut-Pérou. Des messagers partent pour toutes les vice-royautés encore fidèles. Le génie militaire et organisateur de notre homme peut encore sauver le régime espagnol.

Mais il est mal secondé, trahi de toutes parts. Il s’obstine et l’aventure se termine dans un guet-apens. Liniers est fait prisonnier par les révolutionnaires, qui le fusillent, ainsi que toute son escorte.

Ferdinand VII, remonté sur le trône d’Espagne, reconnut la grandeur du héros, en ajoutant à son nom celui de comte de Lealtad, c’est-à-dire de la Loyauté. (On a la coutume en Espagne de ces titres de noblesse : duc de la Victoire, prince de la Paix…) Mais les descendants de Liniers ne portent maintenant que le titre de comte de Buenos-Aires.

En 1862, la reine Isabelle recevait solennellement, sur les quais de Cadix, les restes de Liniers qui furent portés au Panthéon.

19 février 1938.