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Mais Napoléon poursuit la conquête de l’Europe. Le voici en Espagne. À Buenos-Aires, on voit les Français d’un mauvais œil et l’on est tenté d’oublier les services du reconquistador, bien qu’aucun geste n’autorise à douter de sa fidélité. Le vice-roi va jusqu’à recevoir avec une froideur glaciale, et en espagnol, l’envoyé de Napoléon, Sassenay, ami d’enfance de Liniers. (Napoléon l’avait choisi à cause de cette qualité.) Liniers entend toutefois rester neutre.

Un intrigant de Montevideo en profite pour pêcher en eau trouble. Il déclare la guerre à Napoléon ! Puis dresse sa ville contre Buenos-Aires. Il y réussit d’autant mieux qu’il vient d’arriver chez lui un envoyé de la junte de Séville, fidèle aux Bourbons d’Espagne. Mais, après s’être appuyé sur le loyalisme, Elio de Montevideo fait volte-face et transforme son mouvement qui tend désormais vers l’indépendance.

Suivent de sombres micmacs, où Liniers s’accroche fidèlement à sa loyauté envers ses maîtres espagnols, dont la cause est perdue dans l’Amérique latine. Il en est mal récompensé. De Montevideo, on le fait passer pour tiède (il n’a pas voulu déclarer la guerre à Napoléon !). Si bien que la junte suprême lui enlève la vice-royauté et lui fait une retraite dorée, en lui conférant le titre de comte de Buenos-Aires, avec pension de 100,000 réaux. Le peuple de Buenos-Aires lui offre de se révolter, sous ses ordres. Il refuse ; malgré l’ingratitude de l’Espagne, il lui sera fidèle, il ne trempera pas dans la révolution. Liniers s’en va en exil. Il s’enfonce dans les Pampas, — où les gauchos reçoivent