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ment de Royal-Piémont, commandé par le baron de Talleyrand.

À vingt ans, Jacques de Liniers s’ennuyait à Carcassonne, où le régiment tenait garnison. Des armements se faisaient en Espagne contre la Régence d’Alger. C’était la promesse de belles aventures. Un mot de démission à M. de Talleyrand, embarquement sur une frégate de Carthagène : voilà notre Liniers lancé dans l’armée espagnole. D’autres Français s’y trouvent : un duc de Crillon, un prince de Rohan, dont Liniers devient aide de camp.

La campagne contre les Barbaresques finie, le jeune homme ne consent pas à abandonner l’aventure. Il bâcle des études maritimes. Puis, enseigne de frégate, il cingle du côté des Indes occidentales où Portugais et Espagnols se battent.

Par la suite, il prend part à la tentative esquissée par la flotte espagnole pour aider contre l’Angleterre, et de concert avec la France, les colonies de l’Amérique du Nord en révolte. Le vaisseau manque de sombrer. Notre enseigne mate un début de mutinerie, sabre au poing, puis écrit à son frère : « Si nous arrivons, tu recevras cette lettre par le courrier ordinaire. Mais si notre destinée est d’être la pâture des monstres marins, je prie celui dont je ferai le repas de prendre la route de la Seine, pour te l’envoyer par la petite poste ».

Les voyages reprennent, l’apprentissage se complète. Liniers parvient enfin à Buenos-Ayres, où l’attend son destin. Il a 35 ans, il est capitaine de vaisseau, il s’appelle maintenant don Santiago Liniers. On le nomme gouverneur par intérim de la province des Missions.