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huttes des colons, il se rend à Honolulu pour réclamer des matériaux, car il voulait loger convenablement son monde. Ces messieurs du Bureau d’hygiène le reçurent fort mal, le menaçant même de peines sévères pour avoir contrevenu à l’édit qui interdisait à quiconque avait mis le pied à Molokai d’en jamais sortir. Mais il avait ameuté l’opinion publique et le Bureau dut s’exécuter. Jusqu’à la fin de sa vie, il devait être en lutte avec les autorités qui ne voulaient rien faire pour les lépreux.

Ses fonctions les plus importantes, il va sans dire, consistaient à réconforter les mourants. Comme il n’y avait pas de médecin dans l’île, il soignait les corps aussi bien que les âmes. Il s’improvisa même chirurgien.

Le père Damien reconstruisit l’hôpital, tombé en ruines. Il éleva une chapelle pour les gens les plus éloignés : dorénavant, il devait dire la messe à deux endroits chaque dimanche. Enfin, il fonda un orphelinat où, comme à l’hôpital, il se faisait aider des lépreux les moins atteints.

Dès le début, il s’était fait une règle de ne montrer aucune répulsion.

Aussi n’hésitait-il pas à manger des mets préparés par des lépreux et dans les plats qui leur servaient. Il allait jusqu’à prêter sa pipe aux malheureux. Il savait bien qu’il ne pouvait échapper à la contagion. Aussi, pourquoi d’inutiles précautions ? De toutes façons, il devait entrer en contact avec les lépreux. Ne pansait-il pas leurs plaies ?

L’évêque ayant obtenu un adoucissement aux inflexibles règles put lui rendre visite. La régente du royaume d’Hawaï se rendit aussi à Molokai et accorda une décoration à Damien. Le Bureau