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« En 1880, écrit-il, c’est-à-dire tout voisin de ma trentième année, j’en étais encore à me demander quelle forme de poème ou de roman devait être adoptée. L’espèce de conte parisien que j’ai intitulé Edel traduit d’une manière assez exacte cette crise d’où j’allais sortir, éveillé précisément par l’insuccès absolu de cette tentative. »


Reconnaissant que son intoxication littéraire était la cause de cette sorte de déformation d’esprit, il résolut de vivre sa vie à lui. Mais, auparavant, il s’aperçut que cette intoxication avait un bon côté.

« Si les livres de ces auteurs avaient eu sur moi une influence si profonde, c’est qu’ils avaient correspondu à des besoins de ma pensée et de mon cœur inconnus de moi-même… J’entrevis la possibilité de dégager la Vie de cet amas de littérature, et j’entrepris d’esquisser un portrait moral de ma génération à travers les livres dont j’avais été le plus profondément touché. Les Essais et les Nouveaux Essais de psychologie contemporaine ont été composés avec cette idée. »

Bourget allait être amené ainsi au roman. « Ce que je recherchais dans les livres, dit-il encore, c’était non pas des écrivains, mais des états d’âme. » « De même que j’avais aperçu par delà les livres des sentiments vivants, par-dessous ces sentiments j’apercevais ces âmes vivantes, et le roman m’apparaissait comme la forme d’art la plus capable de les peindre. »

Bourget sera sans doute connu comme l’auteur du Disciple. C’est évidemment l’un de ses romans qui ont fait le plus de bruit et qui ont opéré (il ne