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Balzac et ceux de Stendhal, Madame Bovary et les Fleurs du Mal. » Il lut ensuite Taine et Renan, Barbey D’Aurevilly, Goethe. Ainsi commençait-il à se donner cette culture qui fit l’admiration de tous ceux qui l’ont approché. Léon Daudet, Henry Bordeaux, tous ont proclamé que Bourget était l’homme le plus instruit qu’il était possible de rencontrer.

À cette époque, raconte M. de Cardonne, son compagnon de lycée, Paul Bourget était « un jeune homme simple, modeste, méditatif et plutôt mélancolique, avec un regard déjà profond ». Tout le contraire, encore une fois, du mondain évaporé que des farceurs ont voulu voir en Bourget.

Au sortir du lycée, son père aurait voulu le voir entrer à l’École normale supérieure, ce qui lui aurait assuré une carrière sûre et honorable ; la famille manquait de ressources. Mais Paul Bourget était attiré ailleurs. Il suivit, pendant quelque temps, le service de Maisonneuve à l’Hôtel-Dieu, car la médecine l’attirait. Dans toute son œuvre, on retrouvera l’écho de ces préoccupations et le professeur Faure pouvait écrire, en 1923 :

« Les critiques et les railleries contre son œuvre médicale se briseront sur le granit. C’est elle, c’est cette œuvre médicale, avec son talent d’écrivain et la puissance de son invention dramatique, qui fait la grandeur de son œuvre littéraire et qui assurera sa durée. » Et le professeur ajoute : « Cet homme a fait plus que beaucoup de médecins pour la gloire de la médecine ».

Mais il fallait vivre. Bourget donna des leçons. Il était résolu à se lancer dans les lettres et à demander à ce métier sa subsistance. Le grand prin-