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« Le métier de mon père, — il était professeur de mathématiques, — l’avait déjà promené, lors de ma naissance, d’une extrémité à l’autre du pays. Baptisé à Amiens, j’ai commencé d’apprendre à lire à Strasbourg, pour faire mes premières études à Clermont en Auvergne et les achever à Paris. »


Bourget descendait d’une très vieille famille de cultivateurs ardéchois, qui s’était élevée peu à peu, d’abord en s’alliant à la petite noblesse du crû, puis en se dirigeant vers les professions libérales. Le grand-père de l’académicien avait été ingénieur et son père, nous venons de le voir, professeur. M. Aurence a publié, sur cette famille du Vivarais, un livre très curieux.

L’élévation graduelle de sa famille, Bourget y avait réfléchi, comme il méditait sur tout. Elle lui inspira l’Étape, l’une de ses meilleures œuvres, peut-être son chef-d’œuvre. On en connaît la thèse : les familles doivent s’élever de degré en degré et il y a danger grave pour elles à brûler les étapes. Cette thèse souleva du reste de longues polémiques : c’est à cette seule occasion, notons-le en passant, que Paul Bourget se laissa entraîner dans une discussion de presse. Mais c’était avec le comte d’Haussonville et l’on devine sur quel ton élevé se maintint la controverse.

Bourget garda toujours des attaches étroites avec le pays de ses ancêtres et sa lointaine famille. Vers 1905, mourait une de ses cousines qui avait vécu toute sa vie dans ce petit pays. C’était une originale. Ménagère d’un bon curé de campagne, elle avait une sainte horreur des romans et des romanciers. Elle était au fait de la notoriété de son célèbre