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Paul Bourget a été bien discuté. Il était de mise, chez certains esthètes, de prononcer son nom avec le plus profond mépris. Si on y regarde de près, ces critiques venaient de trois causes bien nettes. Tout d’abord, on reprochait à Bourget sa frivolité, ce qui est assez comique quand on connaît le sérieux de ses préoccupations. On l’appelait le romancier « mondain ». Lui-même s’est expliqué sur ce point, dans une curieuse lettre autobiographique peu connue, que Victor Giraud a publiée dans son étude sur le maître :

« Comme j’ai placé plusieurs de ces études dans le monde des oisifs, afin d’avoir des cas plus complets, puisque c’est la classe où les gens peuvent le plus penser à leurs sentiments, j’ai dû subir tour à tour le reproche de frivolité, de snobisme et même de dédain envers les pauvres ! » Le curieux c’est que Paul Bourget n’avait rien du mondain. Il vivait au contraire très retiré. (Nous avons sur ce point le témoignage de Léon Daudet, dîneur et soupeur incorrigible). Réfugié au Plantier, son domaine de Costebelle, près d’Hyères sur la côte d’Azur, Bourget y passait l’automne et l’hiver (justement l’époque de la « saison » ), sortant peu, recevant seulement ses amis intimes. Ce qui ne l’empêchait pas, il va sans dire, d’avoir de « belles relations ».

Plusieurs aussi se sont fait l’écho des cris indignés de Léon Bloy, le Mendiant ingrat, sans examiner ce qui inspirait Bloy. Nous verrons, une autre fois, ce qu’il faut penser des attaques virulentes de celui-ci.

Enfin, Bourget dérangeait trop les petites idées des tenants de l’art pour l’art, théorie fort à la mode quand il parvint à la notoriété. Bourget n’a jamais