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Souvenirs sur Paul Bourget


Paul Bourget est mort. Pour beaucoup, la nouvelle de ce décès a été une grande surprise : on en était venu à considérer le vieux, mais toujours actif romancier comme une institution immuable. Avec lui disparaît le dernier représentant de ce groupe de grands écrivains qui dominaient dans le domaine des lettres françaises avant la Grande Guerre.

Vers la même époque, c’est-à-dire la période antérieure à 1920 pour être précis, il existait un quatuor de chefs de file dans la littérature anglaise, les Big Four, comme on disait : Arnold Bennett, John Galsworthy, Bernard Shaw, H. G. Wells. Les deux premiers sont morts ; les deux autres ont une vieillesse gaillarde. De même, en France, bien qu’on ne le reconnût pas aussi ouvertement, on avait un groupe de quatre écrivains de très grande notoriété : Pierre Loti, Maurice Barrès, Anatole France, Paul Bourget. La génération actuelle, celle des vingt ans, ne peut se faire une idée du prestige de ces quatre hommes : aucun écrivain, à l’heure actuelle, n’occupe une place si grande dans l’estime publique.

Il serait puéril de chercher à classer ces écrivains par ordre de mérite. Cependant, on peut dire que, à certains égards, l’influence de Bourget a été la plus marquée, atteignant un public plus large ; la plus profonde aussi, parce que Bourget faisait réfléchir sur des problèmes essentiels.