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Assez pour que les choses se gâtent à Toulouse. Henri IV envoya une véritable ambassade en cette ville, chargée d’y négocier avec Joyeuse de puissance à puissance. L’abbé de Villeloin, chef de l’ambassade, se rendit au Parlement qui décida de déléguer des « personnes de qualité » pour traiter avec le roi de Navarre et, en même temps, de mettre le cardinal de Joyeuse, toujours à Rome, au courant des négociations. Villeloin retourna à Paris peu satisfait et Henri IV le renvoya à Toulouse avec une lettre fort sèche. Le Parlement accueillit mal cette lettre et Joyeuse aussi. Il allait se rapprocher du parti extrême auquel sa famille s’était toujours opposée. Il fit adopter, par les États, des articles où l’on exigeait des assurances du roi « nouveau converti ». D’abord, on ne voulait pas de Montmorency comme gouverneur.

On semblait avoir trouvé un compromis, quand Montmorency commit la maladresse de faire décider à Béziers par les États favorables à Henri IV que le gouvernement du Languedoc lui resterait en entier. D’autre part, un nouveau négociateur du roi manqua de sang-froid. On apprit bientôt à Toulouse qu’Henri IV acceptait les articles des États, sauf ceux qui intéressaient Joyeuse, auquel le roi offrait, en guise d’aumône, le chapeau de cardinal.

Le duc, écrit le biographe, repoussa d’un geste méprisant le cadeau et se jeta dès lors avec emportement dans les actes les plus discutables de sa vie. L’homme avait 30 ans ; il était en pleine sève. Dans les actes qu’il accomplit pour obliger Henri IV à céder, à le satisfaire, il y avait tout ce qui compose

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