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était arrivé depuis quelque temps, appelé par son frère l’archevêque.

À la nouvelle du désastre de Villemur, les magistrats, les parlementaires et les nobles fidèles à la Ligue se précipitèrent chez le cardinal lui demandant de prendre le commandement des troupes. On ne concevait pas la lutte sans un Joyeuse. François « s’excusa sur sa profession et déclara en outre qu’il n’avait jamais conduit une armée ». Quelqu’un s’écria : « Donnez-nous le père Ange ! » Le bruit s’en répandit dans la ville et, bientôt, le peuple assiégeait le couvent des Capucins.

Les théologiens déclarèrent que, vu le danger où la ville était de tomber dans l’hérésie, le père Ange devait sortir de religion. Tourmenté entre sa passion pour la solitude et le désir de maintenir les traditions de sa famille, Ange y consentit, se réservant le droit de reprendre la bure.

Le père Ange, redevenu Henri de Joyeuse, prit le titre de duc, vacant depuis la mort de Scipion. Montmorency et Henri IV lui-même éprouvaient des inquiétudes, ayant été sûrs du triomphe en Languedoc. Un autre Joyeuse allait rallier toute la province et l’on savait que le cardinal et Henri, ces deux prêtres, n’accepteraient pas Henri IV tant que le pape n’aurait pas ratifié la réconciliation. Le roi abjura et la plupart des évêques se rallièrent, mais les Joyeuse ne se contentaient pas de si peu. Cependant, Henri avait conclu une trêve avec l’adversaire et il vivait en famille, sa mère et sa fille l’ayant rejoint.

Le cardinal partit pour Rome où, avec d’Assot et du Perron, il obtint l’absolution d’Henri IV. Cela prit de longs mois.

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