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exprima le désir qu’il fût donné un remplaçant à Piron avant dix jours.

Le 1er juillet 1753, Buffon était élu, par l’intervention du duc de Richelieu. Or Buffon, la fois précédente, s’était galamment retiré devant Piron. On lui tenait compte de ce beau geste.

Il succédait à l’évêque Languet de Gergy, qui avait été un esprit à l’opposé de celui de Buffon. Celui-ci décida, en conséquence, et rompant avec la tradition, de ne pas prononcer l’éloge de son prédécesseur. On assure qu’il aurait été marri de faire l’éloge de qui que ce fût. Ne sachant que dire, il composa un chef-d’œuvre, le Discours sur le style, que la culture française doit à un caprice de grand homme.

On lit ces détails dans le troisième volume de La vie secrète de l’Académie française par René Peter.

On y voit bien d’autres choses.

Buffon fut tenu pour grand homme dès ses premiers essais. Peut-être parce qu’il déconcertait. Porté par tempérament vers les sciences mathématiques et physiques, il se donnait à l’observation des animaux. Il n’aimait point les vers, mais il en écrivait, et de pas mauvais. On cite de lui ce quatrain, qu’il écrivit sur les genoux d’une jolie femme :

Sur vos genoux, ô ma belle Eugénie,
À des couplets je songerais en vain ;
Le sentiment étouffe le génie
Et le pupitre égare l’écrivain.

La jeunesse de Buffon fut « vibrante et fougueuse ». À quoi l’on ne reconnaît pas le savant en