Page:Daviault - Histoires, légendes, destins, 1945.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à sa femme une séparation qui lui permettrait d’entrer au couvent.

L’épouse, la mère surtout, s’affola. Ne pouvaient-ils vivre ensemble aux pieds du Christ ? Le jeune ménage adopta une vie pour ainsi dire conventuelle. Leur train de maison était celui des grands seigneurs. Mais, dans l’intimité, il était celui d’un couvent et gentilshommes, pages, écuyers devaient se soumettre à cette règle.

Le 10 août 1587, Catherine mourait, à l’âge de 22 ans. Un mois après, au cœur de la nuit, Henri de Joyeuse quittait son hôtel pour se rendre au couvent des Capucins, de l’autre côté du jardin. À la lueur des flambeaux, il revêtit la bure et reçut le nom d Ange. Anne et Henri III eurent beau, le lendemain, tempêter à la porte des Capucins, frère Ange resta à la cuisine où, disait-on, il lavait la vaisselle à la perfection. À quelques jours de là, le roi écrivait à « mon frère Ange », lui demandant une règle assurée pour suivre la vertu.

Les événements se précipitaient. Anne de Joyeuse, ce jeune général de vingt-sept ans qui avait failli battre le futur Henri IV lui-même, se faisait tuer à Coutras. À cette nouvelle, grande joie chez les huguenots, particulièrement en Languedoc. Montmorency sortait de Revel, au pied de la montagne Noire, et allait battre Scipion de Joyeuse, grand prieur de Toulouse.

Vint la journée des Barricades, où le duc de Guise, s’il n’avait tergiversé, aurait pu renverser le roi, mais qui n’eut d’autre résultat que d’affoler celui-ci. Henri III s’enfuit à Chartres. Le provincial des Capucins, le père Bernard, y vit une faute politique qui pouvait nuire irrémédiablement à la

19