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de travailler pour eux. Mal en prit à Baptiste Rouzaud, dit Castaurias, de l’avoir oublié. Surpris près de la fontaine, appelée la Fountasse, où il menait boire le cheval de la maison, Baptiste, d’abord copieusement battu à coups de crosse de fusil, se vit précipiter au fond de la fontaine dont les dalles lui meurtrirent la figure.

Les gendarmes reparurent à Leychert et, sans preuve, Tragine prétendit que la dénonciation émanait de Pierre Pic, dit Lavignasse, père de Guillaume. Tragine le rejoignit dans un champ assez éloigné des habitations. Il lui lâcha un coup de fusil dans l’abdomen, puis le larda de coups de couteau. Le solide vieillard en réchappa. D’autant mieux que, sa vengeance satisfaite, Tragine avait porté Lavignasse hors du pré, l’avait embrassé sur les deux joues, avant d’aller prévenir un voisin et la fille de sa victime. Mais il n’en affirmait pas moins que toute la famille Pic y passerait.

Les autorités s’émurent. Une compagnie entière de soldats vinrent camper au village ; ils remplissaient complètement la maison de Guillaume Pic. Or, un soir qu’ils venaient de se coucher et que Guillaume allait manger une bouchée à la cuisine avant de monter lui-même, un coup de feu éclatait à la fenêtre. Le maire, ou plutôt l’ex-maire à cette époque, s’écroulait. Tragine l’avait eu en dépit de la soldatesque. Ces Pic avaient l’âme chevillée et Guillaume n’en mourut pas plus que Pierre.

La chasse s’organisa méthodiquement, mais seule la ruse devait venir à bout du bandit.

Celui-ci jugeait bon de mettre, pour quelque temps, entre lui et la police, une frontière, celle de la république d’Andorre en l’occurrence. Il lui