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dait, les yeux vides d’expression. Le prince Bariatinski, commandant de l’expédition, accourut et fixa ses yeux droit dans les yeux de Nicholas.

Le grand-duc Georges mourait de phtisie quelques années plus tard dans un sanatorium des montagnes caucasiennes. On ne parla plus de modification à la loi de succession. Mais les dignitaires de l’Empire chuchotaient craintivement sur le grand-duc qui, né le jour du martyr Job, répandait la mort autour de lui. Ce chuchotement accompagna Nicholas toute sa vie et l’initié pouvait en déduire le mot redoutable de « fratricide ».

La date du couronnement de Nicholas II avait fait l’objet d’un choix malheureux. Les maîtres de cérémonie et les métropolites avaient choisi le septième jour après l’anniversaire de l’empereur parce que le nombre sept est heureux. Seulement, ils ne s’étaient pas aperçu que ce septième jour tombait un 13. Les moujiks parlaient avec effroi de la volonté sinistre qui avait fixé cette date.

Au cours de la cérémonie du couronnement, fatigué à un moment donné de la procession, le tsar, chancelant, chercha un appui de sa main droite. La paume s’ouvrit et le sceptre d’or tomba avec un son métallique. Des courtisans se précipitèrent pour relever le sceptre. Mais les témoins de l’incident murmuraient, livides : « Il est né le jour du martyr Job ».

Les fêtes du couronnement devaient comporter la distribution de cadeaux au peuple, suivie de l’exécution d’une cantate solennelle en présence du tsar. On avait choisi le champ de manœuvre Khodinski pour cet événement. Ce terrain était semé de trous, de fossés et de tranchées. Le gouverneur de Moscou,