Page:Daviault - Histoires, légendes, destins, 1945.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ils pas fait voler le grand code secret (vol qui devait du reste permettre à l’Angleterre de dévoiler les machinations de l’Allemagne tentant d’entraîner le Mexique dans une guerre contre les États-Unis et, par voie de conséquence, ranger ce dernier pays aux côtés des Alliés) ? N’avaient-ils pas continué à se servir de ce code pendant des semaines après que Rintelen les eût prévenus de cet exploit des espions anglais ? Rintelen va jusqu’à insinuer que la stupidité de Papen, officier mondain du premier régiment des uhlans de la Garde et attaché militaire à l’ambassade de Washington, s’accompagnait d’intentions assez louches. Ce ne sont là qu’accessoires. L’auteur se propose d’abord de raconter ses exploits à New-York.

Attaché au grand état-major de la marine, Rintelen avait, dans les débuts de la guerre, rempli des missions délicates. Il avait, par exemple, transporté des sommes considérables aux commandants du Goeben et du Breslau, deux croiseurs qui avaient échappé aux flottes alliées de la Méditerranée et s’étaient réfugiés à Constantinople. Une autre fois, il s’était rendu à Copenhague afin d’acheter 300 mitrailleuses, que le fabricant avait déjà vendues aux Russes, mais qu’il ne se faisait pas scrupule de revendre aux Allemands, attendu que les Russes ne pouvaient les embarquer, à cause des protestations allemandes auprès du gouvernement neutre. Le droit international s’opposait aussi au transport de ces armes à destination de l’Allemagne. Mais Rintelen fit si bien qu’il se servit des agents russes mêmes pour faire embarquer les mitrailleuses à bord d’un navire battant temporairement les couleurs du tsar.