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Il avait de qui tenir. Son père, Guillaume de Joyeuse, dès avant la prêtrise, avait été nanti de l’évêché d’Alet et il vivait, pieux et austère, à l’ombre de sa cathédrale, quand la mort de son frère aîné le laissa seul rejeton mâle de sa maison. Avec l’assentiment de Rome, il quitta la crosse pour l’épée et devint lieutenant-général en Languedoc, charge qu’avait exercée son frère. Guillaume épousa Marie de Batarney, nièce du connétable de Montmorency et, par conséquent, alliée à la famille royale.

L’enfance d’Henri de Joyeuse se passa parmi le tumulte de la guerre civile, où son père était engagé à fond, côté catholique et monarchiste. Le spectacle de tant d’horreurs ne donnait au jeune homme que dégoût des querelles humaines. Brillant élève, il gardait précieusement un secret que sa mère seule partageait. Quand il en fit part au père de la Hocque, gardien du couvent des Cordeliers où il désirait entrer à titre de novice, le religieux lui répondit :


« Prenez garde ; ceux qui se viennent cacher sous nos habits à l’âge où vous êtes, sont des fuyards qui craignent le péril. Pour quitter le monde avec mérite, il faut l’avoir connu ; et, pour le vaincre, il est nécessaire d’en venir aux mains avec lui. »


Henri, peu convaincu, méditait de s’enfuir en un couvent de l’Ombrie, quand son père, mis au courant, l’expédia avec ses frères Anne, Scipion et François au collège de Navarre, à Paris. Les jeunes du Bouchage y connurent un cadet de Gascogne, Novaret de Lavalette, futur duc d’Épernon. Lava-

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