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souvienne de l’invraisemblable odyssée du capitaine de vaisseau ? Ne violez pas mon mystère… »

John Lewington était un sous-officier de la marine de guerre embarqué au début des hostilités sur le Sandfly. Bientôt après, sa famille apprenait qu’il avait été tué au cours d’un engagement et recevait divers objets qui avaient appartenu au marin.

La guerre finie, la stèle élevée à Portsmouth, port d’attache du navire où se trouvait Lewington, porta le nom de ce dernier parmi la liste des glorieux disparus.

Or, en octobre 1921, un homme se présentait à la villa où habitait la famille Lewington à Cippenham. Sa sœur, qui le vit la première, fut prise d’une indicible terreur : « Maman, s’écria-t-elle, John est ressuscité ».

Il fallut se rendre à l’évidence : John était revenu, sinon ressuscité. Sa mère lui reprocha de ne l’avoir pas prévenue de son retour.

— Ne me demandez rien, dit-il, ce serait inutile… Il m’est impossible de vous dire où et comment j’ai vécu ces six dernières années. Je dois oublier ce passé ; d’ailleurs je l’ai juré. Ce n’est qu’à ce prix que j’ai eu la vie sauve. Je vous en supplie, respectez mon silence. Qu’il vous suffise de savoir que je n’ai pas été malheureux.

John revenait, en effet, très bien vêtu, accompagné de bagages confortables et le portefeuille bien garni de billets de banque. Sa mère crut alors qu’il avait déserté.

— Pour vous rassurer, dit-il, j’irai régulariser ma situation militaire au bureau de l’amirauté de Portsmouth.