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demment, ce n’était pas une évaporée : elle avait été élevée avec une sévérité brutale par Léopold II, ce roi à la barbe et au caractère solennels, et par la reine Marie-Henriette, que les infidélités de son mari plongeaient dans la tristesse.

Stéfanie avait tout fait pour s’attacher son mari, se conformant à tous ses caprices, se mettant à la gêne pour adopter son genre de vie. Sur un point, il est vrai, elle refusa de le suivre.

Un soir, prête à tout, elle l’avait accompagné, déguisée en bourgeoise, dans un café douteux où Rodolphe compromettait sa dignité en compagnie de filles et de mauvais garçons. La princesse héritière fut dégoûtée et refusa net, par la suite, toutes les invitations de cette nature.

Rodolphe, s’il n’aimait pas sa femme, appréciait fort son caractère et il était fier d’elle. Une volumineuse correspondance que publie sa veuve en convainc.

Mais il était perdu de mœurs et de santé. N’avait-il pas été jusqu’à se faire accompagner à Bruxelles, où il allait demander la main de la fille du roi, par une bourgeoise de Vienne ?

Souffrant en outre de sa trouble hérédité bavaroise (celle des Hapsbourgs ne valait guère mieux), Rodolphe devait sombrer dans la folie si la mort ne le prenait pas.

Déjà, quelque temps avant la tragédie, il avait offert à sa femme de se tuer avec elle. Stéfanie avait repoussé la proposition avec horreur.

La princesse est persuadée que Marie Vetsera aimait l’archiduc, mais que lui-même était incapable d’amour. Il se rendit à Mayerling, décidé à en finir, parce que ses complots politiques allaient