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niveaux. Mais les Saint-Simoniens ne purent obtenir une concession.

Lesseps, dont la mésaventure à Panama ne doit pas faire oublier le très grand mérite, réussit à calmer les jalousies politiques. Diplomate fort habile et doué d’un grand charme, il s’était lié, en Égypte où il avait été consul, avec Mohammed Saïd, fils du vice-roi. Il s’était surtout intéressé au projet de canal, qu’il avait étudié sous tous ses aspects. Quand Mohammed Saïd prit le pouvoir, Lesseps s’empressa de se rendre en Égypte, où le vice-roi l’avait d’ailleurs invité. Il fut reçu à Alexandrie par Mohammed lui-même, qui l’emmena avec lui dans sa visite d’apparat au Caire, lui donnant à cette occasion un magnifique cheval arabe.

Le 15 novembre 1854, au coucher du soleil, dans le désert, Lesseps causait tranquillement avec le pacha, quand il jugea le moment bien choisi d’exposer ses idées. Mohammed Saïd lui dit : « Vous m’avez convaincu. J’accepte votre plan. Nous allons, au cours du voyage, aviser aux moyens de le mettre à exécution ». Sur ce, il appela ses généraux et pria de Lesseps de reprendre son exposé.

Lesseps réussissait là où les gouvernements avaient épuisé en vain leurs moyens de persuasion.

Le corps diplomatique l’apprenait bientôt avec un étonnement qu’on imagine. L’ambassadeur d’Angleterre se mit à imaginer toutes sortes d’objections, bien que son gouvernement, allié à la France pour la guerre de Crimée, ne soulevât aucune opposition officielle.

Lesseps se rendit en Angleterre pour défendre son point de vue. Il entendait réaliser son projet sans soulever les animosités politiques. Sa société