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en retard, portant une robe de satin noir fort simple, ornée uniquement d’une croix étincelante. Le prince S… l’accompagne et elle se fait suivre d’une petite femme laide et littéralement couverte de diamants. Liane s’avance vers la belle Otero et, désignant cette petite femme, elle dit : « Je vous présente ma femme de chambre. Je lui fais porter mes bijoux comme je lui fais porter mes valises ». Ces dames, pour être dépourvues d’éducation, ne manquaient pas d’un certain esprit.

Un soir, — longtemps après ! — les gagnants français de la coupe Davis (on sait ce que signifie ce trophée dans le monde du tennis), buvaient du champagne à la terrasse de chez Maxim’s. Il y avait là Lacoste, Cochet, Borotra, Brugnon. Que de gloire ! Mais où sont les neiges d’antan ? Au milieu d’eux, sur un guéridon, la Coupe scintillait à la lueur du clair de lune et des lampes électriques.

Le temps passant, l’alcool aidant, les joueurs finirent par partir, oubliant leur coupe. Les garçons ne la virent pas, affairés à l’intérieur auprès d’une clientèle de soupeurs plus brillants que jamais : Paul Poiret, au milieu d’un lot de jolies filles ; trois ou quatre maharadjahs ; Douglas Fairbanks. Le comte d’O… entre tout à coup, portant triomphalement le trophée. Effarement. « Hé, hé, dit-il, ne me croyez pas devenu champion de tennis : j’ai trouvé ça à la terrasse. On viendra peut-être réclamer cet objet ? » On le mit à la caisse : les gagnants ne vinrent réclamer la coupe tant convoitée que plusieurs semaines plus tard…

Les grands hommes de la défunte Troisième république défilaient chez Maxim’s. M. Herriot, tout intimidé à sa première visite ; Mandel, l’homme