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Les souvenirs d’un chasseur de chez Maxim’s


On peut maintenant, grâce au recul des événements, voir tout un symbole dans la date où le sort a voulu que paraisse le livre, sans importance certes, de José Roman, intitulé Mes souvenirs de chasseur de chez Maxim’s. C’était à la mi-1939, juste avant l’effondrement d’un monde : le dernier tableau d’une tragi-comédie. Quoi qu’il arrive, il n’existera plus de boîte ahurissante comme celle de Maxim, dont le chahut accompagnait joyeusement, — lugubrement, — les derniers moments d’une civilisation agonisante. La dame de chez Maxim’s a vécu et il y a loin du champagne de la rue Royale à l’eau de Vichy !

Il fallait un témoignage qui restât de cette époque, qui fût une leçon. Le bouquin du chasseur de chez Maxim’s (ce n’est pas celui de la comédie d’Yves Mirande) peut constituer ce témoignage. La page titre, déjà, en dit long. D’abord, le nom de l’auteur : Espagnol sorti de la bourgeoisie marchande, ayant fréquenté de grandes écoles en compagnie de fils d’ambassadeurs ou de ducs, tombé au ruisseau de Paris ; le type parfait du métèque. Et puis, cette appellation Chez Maxim’s, ni française ni anglaise, inspirée de l’une et l’autre langue, ne respectant ni l’une ni l’autre : à ranger dans la même catégorie