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voulut faire une emplette. Entrant dans une boutique, il dit au commis : « Envoyez-moi 2,000 cigares de telle marque ». Son ami jubilait : « Ah ! ah ! comme vous vous y prenez mal ! Vous ne savez même pas ce que vous coûtent vos cigares ». — « Je le saurai quand je recevrai la facture », répondit Carnegie. « Mais, rappelez-vous ce que vous m’avez dit… » — « Ce n’est pas la même chose : je viens de faire un achat en gros ; vous achetiez au détail. » Jamais l’autre ne sut ce que Carnegie voulait dire.

Comme tous les hommes d’État, lord Birkenhead était souvent invité à adresser la parole à des sociétés ou des groupements dont il ignorait tout.

Un soir qu’il devait parler ainsi après un dîner, il demanda en se mettant à table, au journaliste qu’il connaissait : « Qu’est-ce que c’est que ces gens qui nous reçoivent ? » L’autre lui apprit qu’il s’agissait d’une société d’ingénieurs. Quand vint son tour de parler, Birkenhead se lança dans une savante dissertation sur l’utilité de la science, sur la mécanique, les théories de l’énergie : on aurait pensé qu’il se préparait depuis des semaines ; en réalité, avant d’arriver, il ignorait le premier mot de ce qu’il allait dire.

Plus tard dans la soirée, il revit le même journaliste au cercle. « Quels étaient donc ces gens, qui nous ont reçus à dîner, ce soir ? » demanda encore Birkenhead.

On n’en finira jamais de raconter toutes les anecdotes révélatrices du caractère si original de « Lawrence of Arabia ». En voici une, typique.

Il faut savoir, pour en apprécier la saveur, que Lawrence doit sa célébrité à ses livres « Seven Pillars of Wisdom » et « Revolt in the Desert ».