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— Qui n’a entendu, ou n’a chanté lui-même la Marche du Général Boulanger ? Il faut être tout jeune pour ignorer cette musique entraînante et un peu canaille, qui non seulement a été à certaine époque le chant de ralliement des nationalistes français, mais apparaît maintenant comme le symbole du XIXe siècle finissant.

Le général fut, pendant quelques années, extrêmement populaire. On attendait toujours de lui le coup d’État qui renverserait la république. Le coup d’État ne se produisit pas et Boulanger partit pour l’exil. À Blumenfeld qui lui demandait : « Pourquoi n’avez-vous pas réalisé votre projet ; vous l’auriez réussi, sans opposition, au moins une douzaine de fois ; comme les deux Napoléon, vous vous seriez fait empereur », le général répondit : « Jamais je n’y serais arrivé sans verser le sang de mes compatriotes. Le gouvernement se méfiait de moi et il était prêt, comme c’était son devoir. Il n’aurait pu m’arrêter, mais il me répugnait de causer la mort de mes semblables ». Clemenceau, le Tigre, attribuait cet insuccès à une toute autre cause : « Boulanger, disait-il, était un homme charmant et il avait de bien jolies manières. Mais à quoi servent les belles manières à un homme qui veut renverser le gouvernement ? Personne n’a jamais dit que Bonaparte avait de jolies manières. Moi-même, je n’en ai guère… »

— Voilà une autre chanson (franchement canaille, celle-là !) que même la toute dernière génération ne doit pas ignorer : elle est entrée dans les mœurs, si l’on peut dire. Mieux que la Marche du Général Boulanger, elle caractérise l’époque. Ta-ra-ra-boom-de-ay, c’est toute la « noce » du temps où « il faisait