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Misères et grandeurs de la vie des artistes


Aux beaux jours des grandes tournées théâtrales en Amérique (de troupes anglaises, il va sans dire), un machiniste londonien du célèbre acteur Forbes-Robertson, excédé des interminables randonnées en chemin de fer, s’écrie : « Christophe Colomb n’a eu aucun mérite à découvrir l’Amérique. Ce fichu continent est si grand qu’il n’aurait jamais pu le manquer ».

Je tire cette anecdote de l’ouvrage (tout récent), Among the Immortals, où Lowell Thomas, auteur qui s’est fait une réputation avec la pensée des autres (rappelez-vous : Lowell Thomas a été d’abord l’exploiteur de Lawrence d Arabie), raconte les souvenirs de l’impresario Percy Burton. Tout cela vient de loin. Un impresario, simple intermédiaire entre l’artiste et le public, exploitant (je ne dis pas exploiteur !) de l’art en marge de l’art : et puis un reporter qui sert à son tour d’intermédiaire entre l’impresario et le lecteur. En somme, comme dans le vers célèbre, nous n’avons que l’ombre d’une ombre de mémoires. Le livre n’en est pas moins bourré de renseignements.

Percy Burton, qui dirigeait la tournée de Forbes-Robertson, décide un jour de faire venir de Londres son exemplaire d’Hamlet portant des indications de mise en scène. Il eut beaucoup de mal à la passer