III
LA SORCIÈRE DU DOMAINE D’HABERVILLE
LA
Sorcière d’Haberville, les yeux hagards, obéit sans
prononcer une parole. Elle descendit de l’estrade
entourée de lutins. Sur son ordre, ceux-ci apportèrent
bientôt devant elle, un des larges coffres de fer, un
chaudron fumant, un plat contenant des vipères, des champignons
vénéneux et certaines tiges rouges garnies d’épines.
La Sorcière sortit alors de sa poche un flacon étroit
rempli d’une liqueur, verte sur le dessus et vermeille au
fond. Tous ces ingrédients furent jetés dans le chaudron.
Puis, une à une, sur un cri lugubre qu’elle poussa, les lumières
s’éteignirent. Tous furent plongés dans une intense
obscurité durant deux secondes. Soudain on vit s’éclairer
le corps de la Sorcière. On la vit, murmurant avec volubilité
phrases magiques sur phrases magiques. Elle frappait
avec son fagot épineux, puis avec sa quenouille rouge
comme un tison, les objets qu’elle voulait enchanter.
Soudain, elle se tut. Sa figure exprima la satisfaction.