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la mission de la fée bienveillante

« Arrière, insolent ! cria le duc de Clairevaillance en s’interposant entre l’agresseur et la victime.

— Misérable petit seigneur, hurla le noir en brandissant son sabre recourbé d’oriental. De quoi vous mêlez-vous ? Faites place. Vous ne m’entendez pas ? »

La belle fée doucement les écarta tous deux. Elle fit un signe à la foule qui se calma comme par miracle. Puis, elle rejeta bien en arrière son long voile bordé de dentelles.

Surpris, médusés, tous considéraient avidement la noble personne qui leur faisait face. Une petite tiare de diamants posée sur d’ardents cheveux blonds nimbait de lumière et d’or cette fée qui les mâtait tous en les ravissant.

Comme si les éléments, eux aussi, eussent tombé sous le charme, le vent et le tonnerre cessèrent, soudain, leurs clameurs. Seule, une plainte triste et douce, une lamentation harmonieuse se fit entendre.

« Pauvres malheureux, ah ! pauvres malheureux, commença la fée, puis elle prononça avec netteté ces mots : « Je ne suis pas la Reine des Fées. Je m’appelle la fée Bienveillante et ne suis que sa cousine. Oui, je sais, nous nous ressemblons… et parfois, mais parfois seulement, on nous prend l’une pour l’autre. Mais en moi, votre prise est tout aussi importante, croyez-moi. J’étais chargée de vous voir, d’essayer de vous faire revenir de vos erreurs…

— Malédiction ! Misère ! C’est la fin de tout, criait la foule, en détresse cette fois. Sa déception lui était pénible à supporter…

— Renversons Envie et Rageuse, souffla un groupe de petits génies noirs aux dents aiguës. Tout ceci arrive par leur faute…