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une révolte au pays des fées

Pour ces raisons, l’orage grondait au cœur des alliés des fées Envie et Rageuse. Trop méchantes pour être habiles, elles servaient mal, les intérêts de tous. On n’osait cependant élever la voix. Les Sorciers et les Sorcières étaient en grand nombre autour d’elles et les approuvaient en tout.

Rageuse se souleva soudain et demanda la parole : « Chers alliés, dit-elle, un certain mécontentement règne parmi vous, je le vois. Vous avez tort. Envie et moi avons fait beaucoup de besogne et… permettez-moi de le dire, une besogne admirable… Je vous le dis bien, oui, admirable

Le magicien africain l’interrompit brutalement. « Trêve d’éloges, Rageuse ! Nous ne sommes pas les bonnes dupes que tu crois. Prouve séance tenante ce que tu dis là, ou tais-toi. L’heure est trop grave pour tes vantardises.

— Oui, oui, cria la foule. Des preuves, Rageuse !

— Misérables ! Ingrats !… Vous me faites écumer… Parle, Envie. Dis ce que tu veux à ces idiots venus d’Afrique ou d’ailleurs… Ils me font si bien rager que mon esprit s’embrouille.

— Ah ! ah ! ah ! riposta Envie, enchantée du peu de succès de sa compagne, cela t’apprendra à trop aimer le son de ta grosse voix… Lutins, ici, cria-t-elle. Amenez nos prisonniers, enchaînés deux par deux. Voilà comment je parle, moi, mes amis. Je vous fournis de délectables spectacles ! Eh ! regardez bien quels prisonniers inespérés je fais paraître devant vous ! Regardez-bien ! »

L’assemblée poussa des cris de joie. Le tumulte monta, grandit… Des clameurs, des hurlements éclatèrent.