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Lorsque Michel rejoignit le groupe des manifestants qui s’étaient arrêtés près de l’angle de la rue Saint-Joseph et de la rue Saint-Paul, il vit tout de suite que les choses allaient se gâter pour M. Octave Perrault. Son humeur détestable, ses paroles de fureur qui mettaient en joie les gamins, plaisaient beaucoup moins aux deux soldats anglais qui voulaient l’entraîner aux casernes. L’altercation semblait même à un point extrême d’irritation, lorsque Michel, qui avait enfin réussi à pénétrer au premier rang, put en entendre quelques mots.

— Je vous dis, messieurs les Habits rouges, que je n’ai rien de commun avec les Perrault, propriétaires de la Minerve et du Vindicator, répétait M. Perrault, en coulant des yeux terribles.

— Votre nom est Perrault… insistait l’un des soldats en français, mais d’un fort accent britannique… Vous donner explications au colonel Simpson… pas à moi…

— Oh ! oh ! criaient les gamins, M. Perrault qui renie sa parenté… Emmenez-le, emmenez-le !… C’est un traître… Honte ! Honte !

Et des boules de neige, de terre boueuse, des roches aussi, vinrent couvrir le paletot de M. Perrault. Exaspéré, celui-ci leva sa canne sur les enfants qui le pressaient de plus près.