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que menait Olivier agissait sur son organisme, frappé à mort, mais si jeune encore. La vie réclamait si la mort tenait toujours tête. Le vieux docteur Cherrier, durant sa visite quotidienne, observait toutes ces luttes et se demandait qui l’emporterait : de la jeunesse, de l’amour, du dévouement, ou de sa vieille ennemie impitoyable, la faucheuse de vies, qui ne se souciait pas le moins du monde des nobles choses qui grandissaient les hommes. Octobre vint. Il fut tiède et beau et ne dérangea presque rien de la vie au grand air que menait Olivier. L’apparence physique du jeune homme n’était plus la même. Il avait pris un peu d’embonpoint. Son teint cireux, ses joues si creuses, tout cela avait disparu. Seule la toux persistait. Les jours de pluie, les quintes se faisaient exténuantes. Ces jours-là, Mathilde se sentait triste à mourir. Elle désespérait. Tout comme le docteur Cherrier, qui n’en soufflait mot, bien entendu, à la jeune femme, mais qui se reprenait avec sa femme, ou avec le curé.

Le quinze octobre, par une belle journée d’arrière-saison, Mathilde, en dépouillant le courrier, aperçut une lettre qui lui semblait venir de bien loin. Olivier, assis près d’elle, poussa une exclamation.

— Mathilde, cette lettre a été écrite par mon ami Desrivières. Ouvrez, ouvrez vite, ma chérie, pour vous en assurer.