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— Donnez-moi ce portrait ? Vous n’avez pas le droit, Mathilde, d’être aussi cruelle.

— Ah ! la cruauté est mon fait, maintenant ?

— Mathilde !

— Mon pauvre ami, pourquoi luttez-vous ainsi, contre vous-même, contre moi, contre tous !

— Contre tous ! Au contraire… les cœurs honnêtes me comprendront, allez !

— Je vous le répète, Olivier, ma décision est prise. Si je suis venue, contre tout respect des convenances, contre la mesquine prudence humaine… c’est parce que plus rien ne compte pour moi en ce monde… Je ne vois plus rien que vous…

— Sortons de cette chambre… Elle m’étouffe… Qui m’eut dit ce matin que j’y souffrirais ainsi.

— Descendons au jardin…

— Non, je me retire dans ma chambre… Adieu. Mathilde ! Adieu, pauvre et folle enfant !

— Oh ! mon Dieu ! Et soudain, la force morale qui soutenait les nerfs de Mathilde tomba, l’abandonna. Elle s’effondra à son tour dans un fauteuil, en sanglotant et en gémissant.

Le jeune homme, qui avait atteint la porte de la chambre, s’arrêta, hésitant. Il s’appuya contre le mur, ses yeux étaient pleins de larmes et contemplaient la jeune fille. Un dernier combat se livrait en son cœur… Soudain, il se raidit. Un profond soupir souleva sa poitrine… Non, non, il ne céderait pas.