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— Mathilde, le Dr Duvert ne songe qu’à Olivier, il ne vous connaît pas. Moi, je songe au grand sacrifice douloureux que vous accomplirez peut-être inutilement…

— Assez, docteur… Je ne vous écoute plus. À tantôt, j’espère.

— Folle et héroïque enfant ! À tantôt donc !

La visite du médecin, vers huit heures avait fait à Olivier un bien inaccoutumé. Il se sentait dispos, moins indifférent à la vie, à tout ce qui s’agitait autour de lui… « Quelle vitalité surprenante conserve cet octogénaire ! » se dit-il. Les événements vécus si tragiquement depuis deux ans n’avaient pu abattre son énergie, sa puissante facilité à tenir tête à tout et à tous. Peu importe, avec lui, les obstacles ! Le nombre et la force des ennemis, qu’était cela également ? La victoire n’était due, certainement qu’à un ensemble de forces médiocres que les circonstances favorisaient, tandis que la défaite prouvait une supériorité de principes desservie momentanément par la chance… L’avenir ferait bien tourner les cartes. Hé ! les patriotes avaient certainement payé la rançon de leur futur triomphe politique. Cela était évident… Qui voudrait vivre verrait !

Olivier avait souri au verbe chaleureux de son vieil ami, qui le regardait attentivement en