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Le bon petit Michel ne voulut pas profiter de l’offre du médecin, et préféra se tenir assis, à quelques pas du lit, sur une chaise à haut dossier. Il renversa un peu la tête sur le rembourrage en reps vert. Tantôt il regardait M. Perrault qui continuait à dormir : tantôt, il regardait au loin, les yeux agrandis. L’image du prisonnier qu’il chérissait surgissait. Les yeux navrés de son protecteur se posaient sur lui, comme ils s’étaient posés, il y avait si peu d’heures encore… Mon Dieu, mon Dieu ! pensait le petit garçon, se pouvait-il qu’un cœur si noble, si bon soit comme cela torturé… Oh ! tous ces soldats anglais qui le gardaient prisonnier, qu’il aurait voulu leur arracher cette victime… On parlait de délivrance, elle était bien lente à venir… Et si M. Olivier allait mourir avant… Non, non ! La Providence… Et un moment Michel ferma les yeux pour mieux prier. Lorsqu’il les rouvrit, il étouffa un cri, M. Perrault ne dormait plus et le regardait avec une sorte de fixité douloureuse. Michel se leva, et vint s’agenouiller près du malade.

— Vous désirez quelque chose. Monsieur ?

— Oui.

— Je puis vous le donner. Qu’est-ce, Monsieur ?

— La… guérison.

— Le médecin veille sur vous, allez.

— C’est un vieux fou… comme moi !… Il n’y peut rien.