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pas regardé sur le banc.

Michel se prit à trembler tout à coup. Il touchait à son but. Le désir impérieux qui tendait tout son être depuis deux semaines, qui faisait battre si fort son cœur, se réalisait. Bravement, le petit garçon se raidit. En quelques enjambées, il fut devant le guichet de la troisième cellule. Il se leva sur la pointe des pieds et appela doucement : « M. Olivier, M. Olivier, ouvrez ! » Un cri fut poussé de l’intérieur, le mot : « entrez ! » fut prononcé, et, bientôt, Michel, riant, pleurant, fou de joie, fut auprès du lit où reposait Olivier Précourt.

Celui-ci regardait le petit garçon avec stupeur… Il ne pouvait en croire ses yeux. Il se croyait en proie à une de ces hallucinations que la fièvre, très forte vers les quatre heures de l’après-midi, provoquait facilement. Il revoyait alors, à tour de rôle, ceux qu’il aimait et dont il était séparé depuis si longtemps. Cet après-midi, c’était donc le petit Michel qui apparaissait…

Enfin, Michel put modérer sa joie, s’agenouiller tout près du lit de camp, et considérer, tout son cœur dans ses yeux, son protecteur bien-aimé… Il le reconnut à peine, il était devenu si maigre, si décharné, si blême… Ses yeux noirs, toujours beaux,… grand Dieu ! qu’ils étaient grands, et tristes, tristes, tristes… Et soudain,