Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Oh ! Mathilde, jamais hélas ! jamais, je n’y pourrai faire appel… Ma bien-aimée, ma détresse est sans bornes… je gémis tout haut en vous écrivant… Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pitié ! N’envoyez pas Josephte auprès de moi… Je ne veux voir personne… personne… personne, puisque je ne veux pas vous revoir, vous, qui êtes la vie même de mon cœur, de tout mon être. Plus tard, si on me libère, je vous redemanderai ma petite sœur. Je ne permettrai pas d’abuser ainsi de votre grand cœur.

Et Michel ! Pense-t-il encore à son malheureux protecteur ? Qu’il s’instruise n’est-ce pas, ce bon petit garçon intelligent, honnête et laborieux. Nous en parlons souvent Des Rivières et moi. Il sait maintenant que ce petit est un cousin de sa famille. De là cette ressemblance qui l’intriguait… Michel me pardonnera d’avoir trahi son secret. Mais je tenais à ce que mon ami me remplace auprès de lui… plus tard, quand… je ne serai plus.

Adieu, Mathilde, mon amie, ma fiancée,… hier encore ! Adieu, je vous aime, je vous aime plus que jamais, mais vous êtes libre, je le répète… Adieu, mon amour !

OLIVIER

De la prison neuve de Montréal, 30 mai 1838.