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Et puis, Mathilde, en février, je tombai gravement malade. J’avais commis l’imprudence, au premier jour d’une fièvre assez forte, de me tenir très tard le soir de ce même jour, à l’étroite et sale fenêtre de ma cellule, demeurée ouverte. Le lendemain, et durant les dix jours suivants, je ne pus me relever. On m’avait donné une mauvaise paillasse, une seule couverture, aucun oreiller. Cela valait tout de même mieux que le plancher brut. Le docteur Arnoldi vint me voir. Cet homme que je n’ai jamais aimé, dont les principes sont aux antipodes des miens, apparaissait une fois le jour, à mon grand désespoir… Aussi, dès que je fus un peu remis, et malgré la violence parfois de la fièvre qui me reprend chaque jour, vers le soir, j’ai refusé et je refuse d’accepter et ses visites, et ses soins. C’est plus fort que moi, mon amie… Je ne puis souffrir de voir cet ennemi de ma cause auprès de moi… Je tousse beaucoup… Tenez, me voici… en proie… à une quinte horrible… Je reprends aujourd’hui ma lettre interrompue… Je suis bien malade, ma bien-aimée. Vous me reconnaîtriez à peine. Aussi, ce matin, en songeant à ma lamentable déchéance physique, je viens, Mathilde, je viens… vous rendre… votre parole… Ma bien-aimée, ne vous méprenez pas. Je vous en prie ! Ce n’est pas parce que je ne