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a un bon nombre d’invités à servir. Non, vous allez me suivre, chez un bon habitant, à dix minutes d’ici. On m’a dit qu’il servait des rafraîchissements à qui se présentait. Es-tu trop fatiguée pour marcher, Josephte ? Alec peut nous conduire.

— Je ne suis pas fatiguée du tout, Olivier. J’ai un peu faim, non, j’ai beaucoup faim seulement. Michel aussi, quoiqu’il ne le dise pas.

— Marchons vite, alors.

On fit quelques pas, en silence. Michel ralentit sa marche, de façon à demeurer un peu en arrière du frère et de la sœur. Perdu dans des réflexions que les paroles dramatiques entendues tout à l’heure, à l’assemblée faisaient monter en tumulte à son esprit, Olivier ne s’aperçut pas tout de suite du mutisme de ses compagnons. Il s’en avisa soudain. Surpris, il interrogea Josephte.

— Petite, qu’y a-t-il donc ? Tu gazouilles d’habitude, quand tu es avec moi. Et puis Michel… est là !

— Oui, oui, répondit la petite fille. Mais… mais je ne puis t’expliquer cela maintenant, ni ici.

— Non ?

— C’est trop grave.

— Quel mystère tu veux créer ! fit le jeune homme en riant. Mais dis donc, mon petit homme, ajouta-t-il, en se retournant vers le garçonnet, pourquoi traînes-tu derrière nous ? Marche en ligne avec nous. Tu es las peut-être ?… Je puis ralentir…