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le Dr  Cherrier, habilement, lentement à travers la foule. Il avait vu le Dr  Nelson lui faire signe de se hâter. Enfin, le siège présidentiel se vit occuper. Le Dr  Cherrier salua avec plaisir la foule, les orateurs, tout en prenant entre ses mains, qui tremblaient un peu, le texte de son discours d’ouverture.

Le silence s’établit. On avait hâte d’entendre les paroles de vibrante protestation des chefs politiques de la région. Le nom du Dr  Nelson courait sur toutes les lèvres. On s’attendait à des mots décisifs. Il formulerait avec clarté, bonheur et énergie la pensée de tous les patriotes accourus avec empressement à sa demande.

Avant de commencer son discours, le Dr  Nelson se pencha et dit tout bas au Dr  Cherrier : « Que fait donc le Dr  Dorion ? Et votre jeune ami Précourt ? Ils devraient être ici, sur l’estrade ?

— Eh ! eh ! fit le Dr  Cherrier, en clignant de l’œil et en regardant non loin de lui, vous êtes, aujourd’hui, bien troublé, mon beau chirurgien… Il y a longtemps que Dorion et Précourt se tiennent en face de vous, là, là, dans la foule. Précourt, mon fougueux ami, m’a dit vouloir se tenir au milieu de tous, afin de bien diriger les enthousiastes réactions…

— Mais c’est parfait d’avoir songé à cela… Je commencerai donc sans plus tarder mon attaque contre cet impertinent lord John Russell…