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aurai la force, je veux revoir encore mon petit-fils… Et coûte que coûte, je le bénirai encore une dernière fois !

Quelles heures affreuses ! Mais le courage de l’aïeule ne montra plus de faiblesse. Elle étonna même le Dr  Cherrier, accouru durant l’avant-midi avec sa femme, très effrayée.

Vers trois heures et demie, alors que la lumière allait en diminuant, la fusillade cessa. Peu après, on vit entrer Michel, noir de poudre, les habits en lambeaux, mais les yeux étrangement éclairés. Il courut vers l’aïeule et Josephte, qui le regardaient venir, elles, avec de grands yeux dévorés d’anxiété.

— Non, non, madame Précourt, ne croyez rien de terrible pour M. Olivier. Non, non. Il est blessé au bras. C’est tout… Le Dr  Nelson l’a pansé tout à l’heure…

— Pourquoi alors, reprit la grand’mère, ne revient-il pas auprès de moi ? Dis-le, mon petit Michel, sans crainte. Tu le sais bien, notre race canadienne-française est brave. Les femmes n’ont jamais été inférieures aux hommes là-dessus. Vois, mon cœur malade a résisté en cette journée si terrible.

— Parle, mon petit homme, fit le Dr  Cherrier. Sophie, donnez-lui un peu de vin. Il n’a pas dû se nourrir beaucoup aujourd’hui.

— Madame Précourt, apprit Michel qui avait avalé avec une grimace le vin prescrit par le docteur, M. Olivier ne reviendra que