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probable du colonel Gore, à Saint-Denis, le lendemain matin, de bonne heure. Nelson et Perreault, son aide-de-camp, disposaient tout à cet effet, en ce moment, et appelaient Olivier à l’aide.

Olivier, tout en écoutant, arpentait nerveusement la pièce. Enfin l’heure était venue de se rencontrer face à face avec des ennemis impitoyables. Il était prêt. Il sortirait à la faveur de la nuit de la chère vieille maison où dormaient ses aimées. Reviendrait-il jamais ?… À la grâce de Dieu !… Mais le chrétien, en lui, en cet instant, avait moins de sérénité que le patriote, si sincèrement convaincu de remplir un devoir nécessaire. Les exhortations pacifiques de sa grand’mère, les adjurations du curé de Saint-Denis, de tant d’autres hauts et fermes esprits avaient torturé son âme, mais hélas ! sans jamais affaiblir sa détermination sourde d’aller quand même jusqu’au bout, et surtout sans faire vaciller cette foi étrange qui lui assurait qu’au fond tous ces sacrifices sanglants accomplis porteraient tôt ou tard leur fruit bienfaisant. Le Canada sortirait fortifié de ce nouveau baptême de sang.

Mais le malheur voulut que, le lendemain matin, ce fût la grand’mère qui pénétra la première dans la chambre du jeune homme. Sous l’empire d’un rêve bouleversant, elle avait voulu causer un peu avec Olivier, lui