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cardiaques de Mme  Précourt, eût averti les visiteurs de ne point parler de batailles, ou lointaines, ou prochaines, soit à Saint-Denis, soit à Saint-Charles.

Quant à Michel et à Josephte, un mot d’Olivier avait suffi : ils garderaient le silence de la tombe, avaient-ils promis, sur tout ce qui se passait au village. Un soir, d’un air d’insouciance parfaitement joué, Olivier avait parlé à sa grand’mère d’une petite promenade que pourrait faire Josephte à Montréal. Sans le dire, le jeune homme trouvait prudent d’éloigner la petite. Qui sait ? Des scènes de carnage et de brutalité pouvaient se produire au cours de la lutte qui se dressait imminente. Comment ne pas essayer d’épargner ces visions horribles à l’enfant sensible et délicatement élevée, à cette petite Josephte qu’il entourait de tant de soins. Mais la grand’mère s’était récriée, citant les coups reçus par Michel lors de son expédition à Montréal. Olivier avait dû se résigner, tout en gémissant intérieurement de son impuissance.

Le 22 novembre au soir, il rentra vers huit heures à la maison. Il avait à cacher une bien vive inquiétude, car on craignait tout au village depuis que l’on avait appris que le colonel Gore, avec des forces considérables, venait de partir de Sorel, en route vers Saint-Charles. Il demeura donc une bonne demi-