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Saint-Denis, 5 novembre 1837,
trois heures du matin. »


Le surlendemain au soir, Olivier arpentait anxieusement les bords du Richelieu. Le froid était vif, et peu s’en était fallu, sans doute, que les voyageurs, à Montréal, eussent rebroussé chemin, n’osant entreprendre le trajet de retour sur un bateau peu confortable et ouvert à tous les vents. Bientôt, plusieurs autres personnes se rassemblèrent sur la grève. On saluait le jeune homme avec affection, et même le vieux père Laflèche s’approchait de lui en souriant. Olivier lui tendit la main avec empressement. Il connaissait et estimait ce vieux chasseur qui lui avait donné, jadis, ses premières leçons de tir.

— M. Olivier, dit le père Laflèche, m’est avis que les affaires ne vont pas bien à Montréal, car le bateau retarde. Il retarde beaucoup même.

— Le vent est fort, M. Laflèche, répondit celui-ci. Mais… regardez bien là-bas, cette fumée ! Nos voyageurs ne sont pas loin.

— Tant mieux, M. Olivier, tant mieux !

Vingt minutes plus tard, Olivier entrait au presbytère avec l’abbé Lagorce et Michel, dont un bandeau couvrait l’œil droit. Peu de paroles avaient été échangées du bateau à la maison. Un seul mot du vicaire avait coupé court aux questions du jeune homme :